Dessin des VMF 79 lors de leur visite au château de La Baronnière, le 5 septembre 2017.

Passion patrimoine : visite des VMF 79

Après la promenade historique à Saint-Florent-Le-Vieil sur les pas de Bonchamps, le 5 septembre dernier, le groupe des Vieilles maisons françaises (VMF) des Deux-Sèvres s’est rendu à La Baronnière pour découvrir son histoire avec Olivier du Boucheron et parcourir le jardin potager avec Anne du Boucheron. Voici des extraits de leur compte-rendu.

1793 : Bonchamps ne reviendra jamais à La Baronnière

“Le château de La Baronnière n’a appartenu qu’à deux familles, très différentes. Des archives du XIVe siècle mentionnent la première famille, les Frogier. C’est en 1650, à l’occasion d’un mariage, que le château devient propriété des Bonchamps. Ce sont des hobereaux, propriétaires terriens, vivant de façon simple et proches de leurs fermiers. Charles-Melchior-Arthus de Bonchamps naît le 10 mai 1760 à Juvardeil, en Anjou. Après ses études, il embrasse la carrière des armes. En 1782, il part pour les Indes, accompagnant le plus grand chef naval de son époque, Pierre-André de Suffren, dit “Le bailli de Suffren”. Son régiment est cantonné à Metz quand la Révolution éclate. En 1791, Charles se retire dans son château de La Baronnière avec son épouse et leur fille Zoé après avoir démissionné de l’armée pour ne pas avoir à prêter serment d’obéissance à la République.

C’est ici que “les gars du pays” viendront le chercher pour le mettre à leur tête le 14 mars 1793. Bonchamps ne reviendra jamais à La Baronnière et mourra le 18 octobre 1793 après avoir demandé la grâce de 5.000 prisonniers républicains.

1801 : l’arrivée des Arnous Rivière

Madame de Bonchamps survivra à la “virée de galerne” et échappera de peu à la guillotine grâce à l’intervention courageuse d’un prisonnier, M. Haudodine, libéré le 18 octobre précédent par son mari juste avant de mourir. Elle vivra pauvrement entre Nantes et La Baronnière qui est totalement détruite. Elle est ruinée car son mari a dépensé sans compter pour équiper son armée et former ses troupes. Il a aussi des dettes de jeu. Au début de l’Empire, Madame de Bonchamps s’associe aux créanciers de son mari pour vendre le château aux enchères. Jean-Joseph Arnous Rivière, important armateur nantais, l’achète en 1801. Anne est une descendante de cette illustre famille.

   

La Cour carrée : les dépendances de l’ancien château

Le 16 avril 1793, soit un mois après le départ de Bonchamps comme chef militaire, le vieux château est brûlé par les troupes républicaines. Les dépendances sont épargnées. Très harmonieuses, construites avec les matériaux locaux (schiste et tuffeau), elles délimitent une grande cour carrée, restée telle que Bonchamps a pu la connaître en son temps. Au rez-de-chaussée, existent toujours la boulangerie, avec ses deux fours à pain et son four à pâtisserie, la sellerie, le pressoir etc. Le tout en parfait état de conservation. Au premier étage se trouvaient six appartements pour le logement des domestiques. Cette cour de dépendances a été le témoin de massacres et le puits qui s’y trouve, dit “puits aux bleus”, encore bouché, garde ses mystères.

Le nouveau château néogothique

Le château actuel, de style néogothique, est construit entre 1852 et 1856 par l’architecte René Hodé, dont Viollet-le-Duc fut l’élève. Conçu non pour y habiter en permanence mais pour recevoir agréablement et avec panache, il comporte de magnifiques salles de réception au rez-de-chaussée, de part et d’autre d’un monumental escalier d’honneur. Le sous-sol était dévolu aux vastes cuisines et offices. Au premier étage, on trouve des chambres de petite taille avec peu de points d’eau. La façade est imposante, avec de nombreux éléments sculptés en tuffeau récemment rénovés (colonnes torsadées, chapiteaux, gargouilles).

Sur l’emplacement de l’ancienne tour du château, il existe une chapelle néogothique construite avant le château actuel, que nous avons également visitée. La cour carrée et la chapelle ont été classés à l’Inventaire supplémentaire des monuments historiques (ISMH) en 1993 et le château a été classé Monument historique (MH) en 1995.

2011 : un jardin à l’heure bio

Après avoir repris la propriété familiale, Anne et Olivier ont décidé de redessiner le potager. Plutôt que de réaliser un jardin classique à la française, ils l’ont dessiné en arc de cercle à partir du puits situé en son centre, en forme d’amphithéâtre. Anne est une adepte de la culture biodynamique et de la permaculture. Elle nous explique avec passion que la terre est vivante et doit être nourrie pour que la faune microbienne se développe. En automne, elle recouvre le sol de feuilles mortes, de fumier, de bois raméal fragmenté (BRF) et de carton. Au printemps, sous le carton, la terre grouille de vie. Sous des cognassiers se cache l’hôtel des insectes : des troncs creux à la base, surmontés de bûches, branchages et paille. Les insectes qui s’y réfugient se nourrissent des parasites du jardin.

Choux, zinnias et senteurs exotiques

Le jardin actuel a six ans. La moitié du terrain est cultivée, constituant un hémicycle. L’allée centrale est harmonieusement bordée de fleurs ou de plantes grises et blanches, entrecoupées d’arbustes taillés en forme de cônes (chêne vert à feuilles d’olivier). De part et d’autre, les plantations sont alignées en arc de cercle.

À droite, tout d’abord les légumes : choux variés, asperges, rhubarbe, souvent des espèces oubliées telles les betteraves multicolores. Puis, les fleurs: cosmos, zinnias, gauras, dalhias cactus, alstroemères. Et enfin, les plantes aromatiques, dont Anne a prélevé de nombreux échantillons pour nous en faire découvrir les senteurs : basilic citron, gingembre de Cochinchine, sauge, poivre de Chine etc. À gauche, des arbres fruitiers en espaliers et un espace réservé aux 30 espèces de tomates : tomate fleur, tomate noire, cornue des Andes etc. Le mur de clôture est couvert de kiwis.

Projet d’un conservatoire de vieilles vignes

Nous avons fait un petit tour dans la serre, qui date du XIXe siècle. Anne y passe un mois complet au printemps pour préparer plus de 3.000 plants. Le jardin n’est pas terminé : dans la moitié haute, Anne et Olivier ont l’intention de créer un conservatoire des plants de vigne oubliés. Anne nous indique une recette de bocaux de tomates à déguster l’hiver. À l’issue de cette passionnante visite, Olivier et Anne nous ont reçus dans les salons du château, agréablement meublés et fleuris, pour partager un délicieux goûter gourmand. Merci beaucoup, chère Anne et cher Olivier.”