Photo Les conseils d'Anne dans le jardin de La Baronnière

Les conseils d’Anne : l’importance d’une serre

Quand potager rime avec esthétique. Anne du Boucheron, la propriétaire de la Baronnière et descendante des fondateurs de l’actuel château, était l’invitée de de l’émission Rose Tomate, sur Radio Fidélité, le 10 mars 2017, présentée par Christine de Langle et Rémi Fruchard. Elle nous explique l’importance d’avoir une serre dans un jardin potager. Voir les photos du jardin potager du château de La Baronnière.

La serre de La Baronnière

À La Baronnière, dans un espace clos de mur, Anne du Boucheron utilise près de 3.500 m2 de potager, jardin et fleurs annuelles. La serre occupe une grande partie de son temps. “Quand on est passionné de jardin, il faut absolument une serre”, assure-t-elle, notamment pour les fleurs annuelles et les légumes.

Une serre du XIXe. En 1997, le frère d’Anne, Jacques de Beauval, a récupéré cette superbe serre du XIXe siècle, qui se trouvait dans le jardin du château de La Mancelière (Eure-et-Loir) “parce que ça allait très très bien dans le jardin de La Baronnière”, explique Anne. En acier forgé, elle abritait alors les semis du jardin de La Mancelière. Il l’a intégralement démontée et remontée dans la partie ouest du jardin de La Baronnière. Cette serre mesure environ 30 mètres de long sur 4 mètres de large. Le sol est en terre. Après avoir bâti le muret en briques, Jacques de Beauval a installé des arceaux et posé des verres à l’ancienne. Ces “anciennes serres” ont “plein de charme”, répète Anne. Dans cette serre, il y a de longues tables, de grands bacs, pour faire des plantations et éviter de “se mettre à genoux ou à quatre pattes”. Ces tables sont des carreaux de terre cuite posés à un mètre de hauteur.

“Ma petite pépinière”. Anne du Boucheron commence ses semis le 1er mars, elle les garde six à huit semaines dans la serre. C’est inutile de commencer trop tôt, en janvier ou février, car “les Saints de glace, c’est très important”, assure-t-elle. “En général, je commande 20 sacs de terreau que je vais verser sur ces carreaux, explique Anne. À droite de ma serre, ce n’est qu’un massif pas très épais pour faire mes semis. Sur la gauche, je mets mes petits godets qui demandent aussi beaucoup de terreau. C’est ma petite pépinière.”

Les œillets d’Inde. Par exemple, pour protéger ses tomates -il y a 28 espèces dans le jardin du château de La Baronnière- elle a besoin de tagètes, des petits œillets d’Inde sauvages (tagetes patula). “Quand elles sont fanées, je ne vais pas acheter des graines, ca ne sert à rien, indique-t-elle. Donc je prends le centre des tagètes, je récupère les graines et c’est très facile. On les pose sur le terreau, on arrose et ça lève tout de suite. C’est assez magique. Pas besoin d’aller acheter des graines, on a suffisamment de graines à acheter.”

Organiser ses semis

Dans son massif d’1×30 mètres (à droite de la serre), Anne du Boucheron trace des lignes avec un petit bambou pour faire des petits sillons et elle y sème toutes ses petites graines. Pendant ces six à huit semaines, elle s’y rend tous les jours : “Bien sûr, il faut les arroser régulièrement, car les graines c’est très fragile, mais ne pas les faire pourrir donc ne pas trop les arroser.”

Les betteraves. Dans son jardin bio, Anne laisse la part belle aux légumes anciens, les tomates, les panais et les betteraves de toutes les couleurs notamment. “C’est très amusant parce, dès que le petit germe sort, au bout de 15 jours, on voit déjà la couleur de chaque betterave. On en voit des roses, des rouges, des plus noires, des oranges, des blanches. C’est vraiment incroyable la nature.”

Les pois du marais (fèves). “J’ai eu une aventure très amusante. J’avais semé des fèves -ça sort très très vite de terre, la fève-, le petit germe est sorti et, pendant quatre jours, il a entraîné la cosse vide de la fève. Les feuilles ne pouvaient pas s’ouvrir parce que la cosse restait en l’air, vide, et elles poussaient, elles poussaient avec la petite cosse. Je me disais : ‘Mais quand est-ce que cette plante va se débarrasser de cette cosse ?’. Elle avait déjà deux à trois centimètres de haut et il y avait toujours cette cosse et les petites feuilles pliaient dedans. C’est magique, c’est extraordinaire la nature. Et puis, ça s’est déplié et la cosse est tombée par terre.”

Choisir ses graines

Les foires des plantes. “J’achète pas mal de graines en sachet. Je prends une base, en général chez Truffaut, Vilmorin ou Baumaux, mais, pour le reste, j’aime beaucoup faire les foires des plantes comme Chantilly-Courson ou les petites foires de plantes locales car ce sont toujours des graines amusantes, des petits producteurs, même si c’est difficile d’en trouver.”

Les fleurs d’Anne. Pour ses fleurs annuelles, Anne du Boucheron dispose de trois grands massifs de 20 mètres de long sur un mètre de large. Elle a choisi six couleurs différentes. “Je fais un massif blanc avec des cosmos, des cléomes ou des euphorbes panachés. À côté, je fais un grand massif avec des cosmos orange, rose fuchsia etc. C’est une plante ressource, incroyablement vivace, qui pousse très facilement et dont je suis folle. Il y a aussi des zinnias de couleurs vives qui sont des repères à papillons et bourdonnants (syrphes, bourdons, guêpes, abeilles…), un festival de bruits ! Il faut du vivant dans un jardin ! J’aime beaucoup ce qui est légumes anciens et fleurs anciennes : c’est un vieux jardin et il faut respecter le côté ancien.”

Le jardin comme thérapie. Pour Anne du Boucheron, le jardin rend heureux. “Tous les jours, on doit aller dans le jardin, on a envie d’aller dans le jardin, on est comme aimanté. Et tous les jours, il se passe quelque chose : un bouton qui sort, une plante qui va moins bien, qui va très bien, qui s’étale. Du coup, la tête s’évade et cela fait beaucoup de bien. On se sent heureux.”

Du jardin à la table

Bio et sain. Lorsqu’elle vivait en Belgique, Anne du Boucheron a suivi beaucoup de cours bio, sur la santé, la raison des maladies et surtout la cuisine bio. Car, le bio “peut être très ennuyeux et pas très bon, très fade”, reconnaît-elle. D’où l’intérêt d’apprendre à cuisiner bio et à “présenter joliment, avec beaucoup de fleurs comestibles ou beaucoup de graines germées, indique Anne. C’est incroyable que que c’est important pour la santé et pour le corps. Les cellules ont besoin d’être régénérées. On n’a pas besoin de manger des plats tout faits. On a tellement de bonnes choses.”

Les pesticides. “La peau des légumes par exemple, ou la peau des fruits, c’est 50% des vitamines, assure Anne du Boucheron. Donc si, vous mettez 26 couches de pesticides dessus, vous abîmez vos cellules et vous serez malades, cela n’a rien d’étonnant”. Au contraire, il faut manger “de bons légumes, sains, correctement cuits et joliment présentés, qui font envie avec des sauces sans crème, des choses naturelles, des coulis de persil bien verts avec des poisson, avec de l’huile d’olive”. Et puis, “c’est ravissant !”.

D’originales aromatiques. Dans le jardin de La Baronnière, il y a des plantes aromatiques extraordinaires comme le basilic cannelle, le basilic citron, “à l’odeur merveilleuse”, ou le très joli basilic violet. Anne possède aussi différentes menthes, comme la menthe chocolat.